arts de la côte d'ivoire

Arts Baoulé

Les Baoulés vivent au nombre d'un demi-million environ au coeur de la Côte-d'Ivoire, dans une région de savane. Au cours du XVIIIe siècle, la reine Abla Pokou dut conduire son peuple vers l'Ouest, jusqu'aux rives de la Comoé chez les Sénoufo. Pour franchir le fleuve, elle sacrifia son propre fils. Ce sacrifice fut l'origine du nom de Baoulé, car baouli signifie "l'enfant est mort".

Statuaire Baoulé.  On estime généralement que l'art baoulé offre l'approche la plus aisée à ceux qui entreprennent la découverte des arts africains. Les baoulé aiment fignoler leurs statuette. On y chercherait vainement la trace d'un coup d'herminette. D. Fraser avait une réflexion très juste en parlant des petits personnages baoulé : "par leur attitude et l'impression qu'ils donnent de regarder en dedans d'eux-mêmes, ils ne semblent attentifs qu'à leur propre satisfaction."

Les statuettes baoulé sont désignées sous le terme générique de waak sona (être de bois). Représentations d'hommes et de femmes, le plus souvent debout, les jambes assez courtes légèrement fléchies, ces statuettes monoxyles sont de dimensions variées; beaucoup mesurent entre 20 et 40 cm, mais le plus grand peuvent aller jusqu'à 70 cm.
La statuaire baoulé se caractérise par un canon de beauté particulier et par un certain réalisme dans les détails, tempéré cependant, par un système de proportions spécifiques: grossissement de  la tête (elle représente l'intellect), diminution des membres inférieurs (des jambes courtes), allongement du cou, le dos cambré, l'abdomen bombé, volumes denses, bras collés le long du corps. Et pour les femmes: des mollets ronds, des mains longues aux doigts effilés, de petites fesses, la coiffure harmonieuse faite de nombreuses nattes finement tressées. La barbe est soignée et quelquefois nattée pour les hommes. La plupart des personnages parfois quelque peu androgynes, apparaissent nus. La patine est lisse.
Une constances esthétique dans la statuaire baoulé: la représentation importante du nombril (les mains positionnées autour du nombril). Image de la transmission de la vie.

L'esthétique des conjoints mystiques. Les Baoulé croient que femmes et hommes possèdent, dans un monde parallèle, un conjoint mystique de sexe opposé. La plupart du temps, il ne se manisfeste pas. Mais un cas d'impuissance ou de stérilité est le signe qu'il devient malveillant, jaloux. Pour l'amadouer et lui plaire, il faut faire sculpter une effigie aussi ravissante que possible, qui sera son habitacle. La statuette, qui rend bienveillant le conjoint dont elle abolit l'instabilité, produit une effet de sublimation: par l'entremise d'un corps idéalisé, magnifié, elle opère un processus de transfert d'un manque vers la création artistique. C'est un objet dont on use aussi bien qu'on le regarde, qui offre la sensualité de sa texture, l'inattendu de ses accidents de surface, la sonorité de sa matière.
la représentation sculptée d'une conjointe mystique est l'idéal de la perfection féminine dans la culture baoulé, avec toutes les subtiles inflexions de la vie: courbes gracieuses, chevelure soigneusement tressée, fines scarifications, peau luisante, seins menus de jeune fille. Comme les femmes Baoulé, la statuette porte autour des hanches une ceinture de verroterie. Les bras collés au corps se rejoignent près du nombril afin de marquer plus clairement le lien charnel avec le lignage. La dimunition des membres inférieurs, aux mollets cambrés et musclés de femme qui travaille dans les champs, s'accompagne d'une légère flexion qui introduit le mouvement dans l'immobilité.

L'esthétique des esprits. Sculpter, c'est happer une puissance hostile, la dompter, remporter un combat sur les forces sauvages, triompher des puissances surnaturelles, saisir les transformations d'un être qui relève d'un monde mouvant: par une création qui tend à viancre l'horreur, l'art vise à capter des énergies néfastes, devenues protectrices, car dominées et sublimées.
Ces génies demandent, non pas être représentés sosu des traits opposés à ceux qu'ils possèdent, mais que la statuette qui sera leur habitacle soit aussi proche que possible d'une figure humaine. Elle devra être infidèle au génie, sur le plan physique.
Il se produit ainsi un processus d'inversion: de même que la sculpture convertit en charge positive les malfaisances et les puissances du génie, de même il importe de transformer la difformité en perfection.

Boîtte de divination par les souris : enfermé à jeun dans la chambre du bas, un couple de souris gagnera celle du haut, où est placée une écaille de tortue munie de dix bâtonnets disposés sur un peu de miel. En mangeant, les souris modifieront cette disposition et composeront ainsi des signes que le devin saura interpréter. Les baoulé croient que les souris, en éroite relation avec la terre, peuvent communiquer avec l'Esprit de la Nature et avec les ancêtres qui aident à lire l'avenir.